Le blog crepin2005, c'est idiot
J'ai brûlé mon soutien-gorge en 68, j'étais là quand il fallait, j'ai vu l'histoire se former sous mes yeux, c'était l'histoire. L'histoire en marche. Nous ce qu'on voulait en 68, c'était faire sauter le couvercle poisseux de la morale judéo-chrétienne, et ça on l'a réussi. Je tiens toutefois maintenant à rappeler que je suis un homme. La destruction de mon soutien-gorge était-elle alors nécessaire, ou même souhaitable ? Me révolter contre ce symbole bourgeois déjà pris hors-contexte car plaqué sensuellement à mon corps pourtant viril mais aux mouvements non dénués d'une certaine grâce si j'ose dire éthérée, symbole retourné contre lui-même et contre l'ordre établi qui dit que l'homme ne doit pas porter de soutien-gorge ça ne se fait pas, n'était-ce pas me retourner contre mes idéaux, les idéaux d'une génération, de ma génération ? Étais-je malgré moi, dans le feu de l'action, devenu un contre-révolutionnaire ? Mais aurais-je alors dû accepter ce carcan qui déjà comprimait ma poitrine pourtant peu opulente car masculine ? Et puis au fond, la vraie libération, ne serait-ce pas réussir à se détacher entièrement de ces questions ? Oublier jusqu'au concept même de soutien-gorge, qu'il soit ou non perverti ? Ne plus devoir détourner les instruments du pouvoir, mais les faire totalement disparaître ? Et peut-être qu'il y a des gens qui aiment bien ça, les soutiens-gorge. Comment alors ne pas être fasciste ? Et pourquoi ne pas vouloir être fasciste ? La diabolisation du fascisme est-elle un concept bourgeois destiné, en la faisant se perdre dans une ronde sans fin de questions improductives, à étouffer dans l'oeuf ma révolte ?